Une mini-exposition rétrospective

Nous avons tenu une mini-exposition la semaine dernière, les 8 et 9 juin, dans le cadre du Colloque de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC).

Une mini-exposition rétrospective

Cette exposition nous aura permis de souligner le concours intercollégial dans une formule en présentiel auprès du réseau collégial.

Une mini-exposition rétrospective

Découvrez toutes les photos de cette exposition, avec leur description, présentées ci-dessous par ordre chronologique.

Une mini-exposition rétrospective

Podium

Marie-Michèle Côté, Cégep de Baie-Comeau.
Notre Premier prix!

Lors des remises de prix, tous les finalistes sont invités afin de maintenir le suspense. Mais la photographe se doutait bien de quelque chose lorsque nous avons insisté pour l’aider à faire le trajet de Baie-Comeau à Montréal…

Bernard Brault, photographe à La Presse et président d’honneur du jury, soulignait l’importance du regard frontal, sans retouche sur le sujet : il aurait été possible d’effacer la ligne blanche derrière l’athlète pour des raisons esthétiques, mais cela aurait été à l’encontre de la démarche journalistique implicite dans cette image. Cette photo a remporté le Premier prix pour cette combinaison d’honnêteté, d’impact et d’attention aux détails (comme la position des mains) qui a fait l’unanimité parmi le jury.

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Sourire canin

Isabelle Gadbois, Collège Dawson. 
Édition 2012-2013, Mention spéciale du jury.

Tous les clichés ne sont pas des clichés. Si nous avons écarté au cours des années beaucoup de photographies d’animaux familiers, ce n’est pas par manque de sympathie envers les quadrupèdes poilus ou les volatiles chantants. Comme un bon portrait, cette photo est la rencontre d’une photographe talentueuse et d’un sujet visuellement riche. Exercice de style des plus réussis qui exprime une personnalité canine bien marquée, au-delà des frontières de la langue.

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Naturalisme de la volonté

Simon Bernier-Bilodeau, Cégep du Vieux Montréal. 
Édition 2013-2014, Mention spéciale du jury.

La photographie a permis de constituer, depuis le 19e siècle, une quantité d’archives visuelles sans précédent. Le Monde en images en est l’un des nombreux avatars modernes. La magnitude des contributions au concours chaque année nous rappelle à quel point le médium est autant affaire de sélection que de prise de vues.

Ce qui nous a plu dans cette photo, c’est son utilisation du processus patient et délibéré d’inventaire plutôt que la recherche d’un instant décisif pour évoquer la période automnale. L’image rappelle également que l’archive a un impact sur notre imaginaire par sa totalité plutôt que par ses spécimens.

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Premier amour

Cindy Melissa Boisvert, Cégep de l’Outaouais. 
Édition 2014-2015, Mention spéciale du jury.

Avant la photographie, on parlait de camaïeu lorsqu’une image se déclinait en tons d’une même couleur. Lorsque cette couleur était le noir accompagné de tons de gris, on parlait de grisaille, terme qu’on associe également à une certaine mélancolie ou tristesse. L’extraordinaire variété des images en noir et blanc produite par la photographie a séparé la monochromie de la grisaille, et on y exprime tout aussi bien la joie que le premier amour en tons de gris.

On aurait pu croire que la couleur par défaut du numérique viendrait changer la donne, mais cette photo montre que le noir et blanc demeure un langage expressif et pertinent que chaque nouvelle génération de photographe vit à sa manière, tel un premier amour.

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Confusion

Maude Girard, Cégep de Sherbrooke. 
Modèle : Audrey Ayotte. Édition 2015-2016.

Dès les débuts du concours, nous avions décidé d’imposer un minimum de restrictions sur les pratiques photographiques admises : il en résulte une heureuse cohabitation des approches et des esthétiques.

Cette image illustre bien la porosité des frontières entre le dessin, la calligraphie, l’art corporel, la peinture et la photographie. Le jeu des formes et des lignes déstabilise la perspective des plans successifs de l’image, et lorsqu’on reconnaît la forme des lettres, c’est pour y trouver le mot « confusion ».

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Lianne

Janika MacKinnon, Collège Marsan. 
Modèle : Lianne Brochu. Édition 2016-2017.

Le surréalisme est parfois l’affaire d’un bref détour à partir d’un sentier déjà battu : s’installer confortablement avec un livre et un verre de vin à la bonne température, dans des vêtements amples et sous une lumière appropriée, quoi de plus agréable?

L’utilisation du réfrigérateur comme espace est surprenante, tout en nous laissant considérer qu’il y a une logique inusitée à cette mise en scène. Symbole de la difficulté que l’on peut éprouver à maintenir un environnement confortable? Compromis pratique permettant de maintenir la température idéale pour la lectrice et la bouteille? Désir de repli dans un cocon douillet? L’inexplicable peut être également l’explication : la photographie excelle à suggérer des cohabitations non conventionnelles.

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Terminus

Kimberly Ersek, Cégep Lionel-Groulx. 
Édition 2017-2018.

La couleur a paradoxalement eu de la difficulté à se faire accepter en photographie, étant donné la prépondérance historique du noir et blanc. L’une des stratégies qui ont permis sa mise en valeur est d’en faire un élément graphique autonome, plutôt qu’une simple propriété des objets.

Dans cette photo, chaque couleur occupe une zone bien définie, un peu à la manière des toiles des peintres plasticiens comme Guido Molinari ou Claude Tousignant, tous deux symboles montréalais de la modernité, comme le métro. L’équilibre des masses chromatiques est de plus dynamisé par le bougé de l’image, suggérant le mouvement, et le modèle est abstrait en formes fondamentales par le rôle de la couleur.

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L’étoile de nos racines

Sara Thabet, Cégep de Bois-de-Boulogne. 
Édition 2018-2019.

Apprécier l’élégance des formes naturelles, du micro au macrocosme, est l’une des nombreuses récompenses du labeur scientifique, et les rapprochements entre l’art et la nature sont un terrain riche pour la photographie. Pour le photographe allemand Karl Blossfeldt, les structures des plantes représentaient les « formes originelles de l’art » (traduction du titre de son ouvrage de 1928, Urformen der Kunst). Son contemporain, le biologiste évolutionnaire Ernst Haeckel, s’intéressait quant à lui aux « formes artistiques dans la nature » (Kunstformen der Natur, publié en 1904).

La photographe, pour sa part, a bien vu que si nous creusons le regard en direction de nos racines, nous y trouverons que nous sommes bien poussière d’étoile.

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Reine

Guillaume Lessard, Cégep de Jonquière. 
Édition 2019-2020.

L’étoffe aux motifs végétaux qui enrobe le modèle prend vie par sa vibrance et sa présence imposante. Cette photo rassure et inquiète par sa simplicité et son organisation chromatique. La tête semble à la fois émerger du tapis de plantes imprimées et être engloutie par ce dernier. L’attitude régale du sujet suggère en effet le pouvoir investi par la fonction royale, mais aussi son poids sur l’humain en tant que chape.

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Le train qui file à toute allure

Zack Fex, Cégep de Saint-Jérôme. 
Édition 2020-2021.

Notre compréhension du mouvement doit autant à la photographie qu’aux calculs de Newton. Si ce dernier a formalisé mathématiquement la chute des corps, la première nous a donné des images impossibles et pourtant facilement compréhensibles.

Ce train qui file, tel un empâtement de couleur étiré par la spatule d’un peintre non figuratif, à travers le paysage sobre et grandiose des montages Rocheuses est un pur produit de l’interaction entre l’image créée par la lentille et son enregistrement par la surface photosensible. Le résultat convainc à nous faire croire à une grande vitesse, alors que, de l’aveu du photographe, il s’agit en fait d’un bien tranquille attelage.

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Faisceau de nuit

Manuel Podeur, Cégep de Limoilou. 
Édition 2021-2022, Deuxième prix.

Nous regardons aujourd’hui la plupart des photographies de la même manière qu’on regardait les diapositives à l’époque où l’argentique régnait en maître. Sorte de table lumineuse infinie, l’écran d’ordinateur nous présente l’image par rétroéclairage, à la différence d’une épreuve imprimée qui se regarde sous une lumière réfléchie.

Dans cette photo, on peut détecter l’écho du rôle de la lumière dans la diffusion des images : la galaxie se tient tout entière dans le faisceau, comme si la lampe de poche la projetait elle-même. Au sol, un reflet lumineux délimite l’environnement en cette forêt obscure. Une photo extrêmement bien réussie pour sa magie et la lumière qu’elle jette sur notre place dans l’univers.

Nous remercions les étudiants et étudiantes de même que les anciens étudiants de leur contribution au concours et de leur accord pour cette exposition.